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Vie de couple, communication non verbale et synergologie.

Une étude conduite par Richard Wiseman, psychologue à l’Université de Hertfordshire basée sur le comportement de 1000 personnes et présentée au Festival International des Sciences d’Édimbourg tend à montrer que les couples les plus unis sont également ceux dans lesquels les conjoints dorment le plus près l'un de l’autre, c'est-à-dire "collés" l'un à l'autre. Dans le cadre de cette étude, ceux qui restaient en contact physique durant leur sommeil déclaraient être heureux dans 80 % des cas, contre 68% de ceux qui gardaient une distance dans le lit.Boton cuadrado blanco simbolo noche

Certains esprits chagrins critiquent cette étude reprochant ses faiblesses méthodologiques et son approche synergologique.

Il s'avère que ce type de recherche ne relève tout simplement pas du champ de la synergologie. Mais elle nous permet en revanche de faire un peu de pédagogie sur ce qu' est et ce que n'est pas la synergologie. Il ne suffit pas en effet que l'on parle de langage corporel pour que le champ d'observation soit celui de la synergologie ©.

A priori, l'auteur de l'étude semble penser que pour éprouver la force du couple, il faille observer le comportement corporel des deux conjoints. Ce lien direct à la corporéité renvoie bien en apparence au paradigme synergologique, mais ça ne suffit pas pour qu'on puisse parler de synergologie.  Simplement parce qu'ici le chercheur n'observe pas directement la corporéité. Il propose plutôt de répondre à un questionnaire et l'étude est basée sur la déclaration et ça, ça n'est pas de la synergologie. Entendons nous bien, ça n'empêche pas l'étude d'être sérieuse, mais ca n'est pas une étude synergologique.

Pour qu'une étude soit synergologique, il aurait fallu qu'elle soit effectuée par des synergologues, formés à travailler autour de la distinction entre les instances conscientes, mi-conscientes, non conscientes. Lorsqu'une personne est interrogée par questionnaire sur son couple, elle fait une réponse consciente. Or, cette réponse peut très bien n'être pas en correspondance étroite avec la réalité de son union. Et ce, pour des tas de raisons dont le déni par exemple. Il existe, dans le champ de la science, un courant critique sur les théories de l'autoévaluation (c'est-à-dire sur ce qu'on déclare sur soi-même) dont les thèses ne sont pas sans fondement (1).

Ici par exemple, il aurait fallu pour que l'étude soit synergologique qu'elle soit fondée sur l'observation effective du couple. C'est-à-dire que ce couple ait pu être filmé, d'une manière ou d'une autre, alors que les deux partenaires étaient endormis l'un avec l'autre et qu'ensuite ils aient été filmés ensemble alors qu'ils répondaient au questionnaire par exemple. Il aurait été possible de tester leur qualité de rapprochement au moment de la réponse au questionnaire,  autour de critères liés aux petites attentions qu'ils auraient eues l'un pour l'autre, à leur insu même, à ce moment là.

Evidemment, la difficulté de mener ce type d'étude explique en partie pourquoi elle n'a jamais été conduite jusque là dans le champ synergologique. Mais ça aurait été ça faire de la synergologie.

Une tendance actuelle, parce que le langage corporel devient aujourd'hui "tendance", est de parler de synergologie  dès qu'il est question de langage corporel. Or, faire de la synergologie , c'est d'abord et avant tout 1) Utiliser un corpus de propositions  lié à la spécificité du langage corporel pour traiter l'information 2) User d'un éthogramme propre permettant de recueillir des observations précises 3) Se servir de protocoles standardisés de traitement des données liées au langage corporel et 4) Mettre en oeuvre un certain nombre de règles éthiques lors de la présentation de ces mêmes données.

Bref, pour qu'une étude soit critiquée sous un angle synergologique, il convient d'abord et avant tout de se demander s'il s'agit bien d'une recherche réalisée par des synergologues.

(1) Ledoux, J. (2005) Le Cerveau des émotions, Préface de de J.D Vincent, Ed Odile 2005, 374 pages (cf pp-52-54)