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L’aile gauche du nez de Lucien Bouchard


Le contexte
 

À l'occasion de la sortie de son livre "Lettres à un jeune politicien", Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, explique ici au plus jeune député de l'Assemblée Nationale jamais élu, Léo Bureau-Blouin (20 ans) qu'il faut "tenir compte de ce qui se passe dans la population...". Au moment précis où il emploie ces mots, il se gratte l'aile gauche du nez.

 

Pourquoi se gratte-t-il l'aile gauche du nez ?

 

L'ex premier ministre a répété toute la journée, lors de chaque entrevue réalisée: "un gouvernement ne doit jamais céder devant la rue", évoquant les manifestations de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui le "printemps érable" au Québec.

Il conseille pourtant au nouvel élu qui a aussi été un des trois leaders étudiants de ce printemps érable: "Il faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" Or,  ce conseil est en contradiction avec l'essentiel de ses déclarations de la journée. Avouons qu'il est difficile de dire du même souffle qu'il " faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" et  "qu'il ne faut pas céder à la rue" (1). Car c'est bien la population qui est dans la rue…

 

Ce geste de  Lucien Bouchard, se gratter l'aile gauche du nez qui le pique, exactement au moment ou il emploie l'espression tenir compte de la population exprime la contradiction inconsciente de son discours. Cette microdémangeaison est typique et facilement  identifiable. (3mns 21 après le début de l'entrevue). Il se gratte en parlant, le cerveau a sans doute détecté cette contradiction du discours. (2)
 

Le fait de se gratter lui permet de détourner le regard, de se cacher subrepticement avec la main pour revenir dans son monde, évitant ainsi d'avoir l'air incohérent, face à son interlocuteur. Répétons que tout cela ne se fait pas consciemment. C'est plutôt procédural, c'est-à-dire automatique.

 

 

Cette microdémangeaison n'est pas liée au "mensonge". (3) L'ancien premier ministre  ne ment pas, il n'est simplement pas en phase avec ce qu'il a dit abondamment ici et là. En plus, il parle sur le ton du conseiller s'adressant au néophyte. Ce qui tombe assez mal…

 

 
 
 
 
 

(1) Propos tenus par exemple dans le journal de 22h00 de Radio Canada, face à Céline Galipeua le 12 septembre 2102.
(2) Evidemment les hagiographes de Lucien Bouchard nous expliqueront qu'il n'y a pas là de contradiction mais d'un point de vue strictement sémantique  il y a contradiction et d'ailleurs il se gratte précisément ici. Le cerveau a repéré la contradiction dont il n'a sans doute pas explicitement conscience, mais il se gratte…

(3) Si ca avait été un mensonge, c'est le dessous du nez qui aurait été piqué. Dans les bases de données (A_0_D_n_20_P2_56), ici c'est l'aile extérieure (A_0_D_N_3_P2_56)

 

La synergologie est-elle fiable ?

 
La synergologie est-elle fiable ?
 
Voila LA QUESTION incontournable. C'est même sans doute uniquement pour répondre à cette question que les messages de ce blogue succèdent les uns aux autres et que des synergologues partout dans le monde se questionnent, s'interrogent, travaillent, doutent, se forment.

Pour essayer de mesurer la fiabilité de la synergologie
  
Il faut d'abord se demander à quoi s'applique sa fiabilité. Au delà des définitions académiques, la synergologie essaie de comprendre ce que pense l'être humain à partir de ce qu'il ressent et traduit par son langage corporel. C'est donc autour des liens qu'elle tisse entre le langage du corps et la pensée que sera évaluée sa fiabilité.

 

 

La question peut d'ailleurs être tournée autrement : Comment faire parler le langage corporel ? (ça c'est facile, il suffit d'un peu d'imagination ) sans lui faire dire n'importe quoi (c'est plus difficile car il faut précisément éviter d'avoir trop d'imagination).
 
La synergologie repose sur une classification qui répertorie les attitudes corporelles humaines pour mieux les observer, les comparer et faire ensuite des propositions.
Lorsqu'un synergologue-chercheur observe un geste particulier, curieux, ou encore inhabituel, il découpe la vidéo dans laquelle il a observé cette attitude avec son contexte (30 secondes ) l'étiquette et l'intègre dans une base de données au côté de milliers d'autres vidéos déjà étiquetées. Il compare ensuite le geste qu'il a observé au même geste fait par d'autres personnes dans des contextes différents. Il essaie de voir s'il existe ds points communs entre tous ces gestes observés.

Ici, nous avons réalisé un tirage d'écran permettant de montrer le même endroit du visage "gratté" microdémangé par des personnes différentes (1).

Les images item par item

 

 

1. Les personnes se grattent toutes sous le nez.
2. Ces personnes se grattent sous la narine gauche  (il s'agit ici du tout premier mouvement)
3. Elles baissent toutes la tête pour le faire.
4. Leurs yeux partent en bas
5. Ils partent majoritairement à droite.
6. Elles se grattent majoritairement avec la main droite (en fait cette remarque est due à l'échantillonnage, car sur un grand nombre de vidéos, il faut noter qu'elles se grattent davantage avec la main gauche) (2).
7. Elles se grattent en interaction (en réagissant à des propos)
8.  Chacune de ces personnes parle d'elle au moment ou elle se gratte.
9. L'ambiance induite par le sujet abordé est tendue (9 fois sur 9). Il est possible de la qualifier de négative 8 fois sur 9

Résumé et proposition

Pour parler d'elles au moment ou elles se grattent, ces personnes baissent la tête et se coupent donc de leur interlocuteur. Leur main les protège. Leur regard part vers la droite comme c'est le cas lorsque nous nous projetons dans le futur plutôt que de nous réfugier dans le passé (autre validation d'item : (R_0_QUA_PE) Un non-dit s'est insinué entre ces personnes et leur interlocuteur et elles enjolivent la réalité dans une ambiance tendue, voire négative.

 

Pour que notre hypothèse soit crédible, il faudrait que les personnes qui se grattent sous le nez droit et ne parlent pas d'elles ( c'est-à-dire que la formulation ne soit pas organisée autour du "je").

 

Ce sera l'objet d'un prochain message blogue.

 

(1) Cette attitude est extraite des bases de données sous le code : A_0_D_N_20_P2.
(2) L'échantillonnage est dit non probabiliste, accidentel.