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François Hollande : l’art de programmer la spontanéité.

 
 

Au cours du débat du 6 mai, François Hollande permit à la France qui ne le savait pas, de découvrir ce qu'était une anaphore, cette figure de style consistant à commencer une phrase par les mêmes mots.

Il scanda 16 fois, "Moi président de la république…"  présentant sous une forme originale sa conception de la fonction de président.
Certains ont trouvé ça très réussi, d'autres ont moins aimé, mais tous ont reconnu à cette occasion que le candidat était brillant.
Il convient de se demander si cette éloquence était spontanée…et elle ne pouvait pas l'être.
"Moi président de la république…" une allocution préparée
 

Une analyse attentive du langage corporel de François Hollande nous conduit à pouvoir affirmer que ce moment du débat ne pouvait pas être spontané. Il avait été préparé.

 

Ce, pour plusieurs raisons conjuguées

1. D'abord parce que François Hollande qui avait l'habitude de regarder systématiquement Nicolas Sarkozy dans les yeux avant d'attaquer chaque phrase (Image 1), s'est mis au moment ou il a commencé à dire : "Moi président…" à détourner son regard et ce durant les 16 moments d'anaphores (image 2).

En évitant son regard, il pouvait ainsi mieux se concentrer pour retrouver, réciter, ce qu'il avait préparé. D'ailleurs, aussitôt qu'il a cessé de dire "moi président de la république", il s'est remis à regarder Nicolas Sarkozy

2. Ensuite, parce que ses yeux partaient à gauche dans l'espace. C'est à cet endroit qu'ils se portent lorsqu'on cherche un évènement passé ou appris. Comme il parlait de son futur de président  nous aurions pu nous attendre à ce qu'il regarde à droite. Ce qu'il fit par ailleurs régulièrement en évoquant le futur, dans le débat.  Mais pas là.

3. Également parce que François Hollande clignait énormément des paupières dans ses débuts de phrase. Il mobilisait ses ressources cérébrales, pour rappeler l'information. 

 

 François Hollande est connu pour avoir une bonne mémoire et Nicolas Sarkozy a, ici, fait les frais de la qualité de mémoire du nouveau président de la république. 

Le  fait qu'un si long texte ait pu être appris et inséré, ailleurs qu'en introduction ou en conclusion d'un débat télévisé de grand prestige, constitue certainement une  première. 
Il n'est pas certain que cela se soit déjà vu dans aucun grand pays occidental. Preuve que même la spontanéité se prépare…