Archives pour la catégorie Politiques

L’effet Pygmalion et Françoise David

Dans ce blogue, nous allons décrire le phénomène qui permet de comprendre que le fait de gagner un débat politique, du type du débat des chefs de ce soir, n'est pas lié directement avec la qualité de la prestation des chefs. Et qu'en outre, le langage corporel est central dans ce processus.

Ce soir, 27 mars 2014, au Québec, le second débat va opposer les quatre principaux dirigeants de partis québécois dans leur course pour devenir Premier ministre du Québec.
Comme dans tout débat, des spécialistes vont être conviés à donner leur avis sitôt le débat terminé, et avant même que les sondages ne s'en mêlent, tenter de répondre à cette question : Qui a gagné le débat ?

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Obama Romney ou Obama Mc Cain : Les six débats gagnés dés la poignée de mains

 

     Le seul débat perdu par Obama
    Romney tient l'avant-bras d'Obama

Il est dit que la première impression décide souvent de la nature d'une relation, et la plupart des auteurs s'accordent à dire qu'elle se fabrique dans les esprits en moins d'une seconde, c'est dire son importance. (1) 

Dans les débats politiques, un seul moment permet d'observer les leaders d'un seul regard, c'est le moment où ils se serrent la main.  Ensuite durant toute la durée du débat le regard du téléspectateur ira sans cesse d’un candidat à l'autre mais il n‘aura plus l’occasion de les embrasser tous les deux d’un seul coup d’œil. La poignée de mains filmée n'est donc pas un élément d'interprétation à négliger. 
 
Barack Obama a institué un nouveau code de communication à ce moment stratégique de la rencontre : le fait de toucher son adversaire avec l'autre main que celle de la poignée de mains dès la rencontre. Personne ne l’avait fait avant lui. Dans les premiers débats, les candidats étaient déjà assis au moment de la prise d'antenne de la  télévision. Ensuite dans la période des débats Bush-Clinton, ils ont commencé à se saluer debout sur le plateau en se serrant la main, mais  personne n'avait donc encore osé poser sa main sur le bras ou l'épaule de son concurrent et marquer ainsi son empreinte sur lui en début de rencontre. 
C’est avec le sénateur Mc Cain que Barack Obama, dès son premier débat a bousculé la règle qui voulait que les adversaires politiques ne se touchent pas. Trois fois durant les trois débats il posa la main sur l'épaule ou le bras de Mc Cain, et la laissa ainsi déposée sur lui, bien visible à l'œil de la caméra après que l'autre ait cessé de lui serrer la main. Il gagna les trois débats. La règle observée dans le monde animal, voulant que le dominant marque sa domination par son toucher prononcé, semblait pouvoir s'appliquer à l’être humain au grand plaisir de feu Charles Darwin.
 
Dans les débats l'opposant à  Mitt Romney, les sondages ont donné Barack Obama vainqueur à la fin du débat deux fois sur trois, et il resta la main déposée sur son adversaire, après que l'autre se fut retiré… deux fois sur trois.
Barack Obama a perdu le premier débat et c’est précisément lors du premier débat que Romney a gagné "le duel" des poignées de mains. Sur la première photographie en bas à gauche, M. Romney continue de tenir l'avant-bras de Obama, alors que celui s'est retiré.
Dans les deux débats suivants la situation s'est inversée. Obama lui même reconnaît avoir perdu ce premier débat.
 
 
Et les cours de communication alors.. !
 
Les codes de la dominance sont bien connus de tous les leaders qui ont tous pris nombre de cours de communication leur permettant de faire à coup sûr la meilleure première impression. Le seul problème c'est qu'ils ont tous pris le même type de cours et le vrai dominant reste et restera celui qui est le vrai dominant. Ce n'est donc pas en prenant des cours de poignées de mains que le leader s'affirmera, contrairement à ce qu'on chercherait parfois à nous dire. Mc Cain avait bien essayé de rivaliser sur la durée de la poignée de mains avec Obama, mais il est arrivé un moment où mal à l'aise il a éprouvé le besoin de se retirer, alors qu'Obama continuait à tapoter tranquillement son épaule. 
 
Il est intéressant de noter qu’un gagnant de débat peut très bien être identifié par un public  regardant le débat, le son de sa télévision, coupé.  
Du point de vue de l'orateur, L’argumentation est sans doute moins importante que la confiance qu'il développe. Sa confiance en lui colore son discours et c'est elle qui lui permet d'être reconnu comme vainqueur au terme de la joute verbale. 
 
 
 
(1) Bar,M, Neta,M andLinz, H. (2006) Very First Impression.  Emotion, Vol. 6, No. 2, 269–278

Tous les ministres qui tirent la langue ne sont pas mal élevés.

 
 
Montréal, dimanche soir 30 septembre, plateau de l'émission :  Tout le monde en parle.

Le ministre de l'économie du Québec, Nicolas Marceau est en entrevue face à l'animateur Guy.A.Lepage et à son complice Dany Turcotte. Certaines entrevues sont rythmées par une question clé,  au nom évocateur "La question qui tue "!  Et ce soir, aux alentours de 21h15, la question qui tue est pour Nicolas Marceau : 

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L’aile gauche du nez de Lucien Bouchard


Le contexte
 

À l'occasion de la sortie de son livre "Lettres à un jeune politicien", Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, explique ici au plus jeune député de l'Assemblée Nationale jamais élu, Léo Bureau-Blouin (20 ans) qu'il faut "tenir compte de ce qui se passe dans la population...". Au moment précis où il emploie ces mots, il se gratte l'aile gauche du nez.

 

Pourquoi se gratte-t-il l'aile gauche du nez ?

 

L'ex premier ministre a répété toute la journée, lors de chaque entrevue réalisée: "un gouvernement ne doit jamais céder devant la rue", évoquant les manifestations de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui le "printemps érable" au Québec.

Il conseille pourtant au nouvel élu qui a aussi été un des trois leaders étudiants de ce printemps érable: "Il faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" Or,  ce conseil est en contradiction avec l'essentiel de ses déclarations de la journée. Avouons qu'il est difficile de dire du même souffle qu'il " faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" et  "qu'il ne faut pas céder à la rue" (1). Car c'est bien la population qui est dans la rue…

 

Ce geste de  Lucien Bouchard, se gratter l'aile gauche du nez qui le pique, exactement au moment ou il emploie l'espression tenir compte de la population exprime la contradiction inconsciente de son discours. Cette microdémangeaison est typique et facilement  identifiable. (3mns 21 après le début de l'entrevue). Il se gratte en parlant, le cerveau a sans doute détecté cette contradiction du discours. (2)
 

Le fait de se gratter lui permet de détourner le regard, de se cacher subrepticement avec la main pour revenir dans son monde, évitant ainsi d'avoir l'air incohérent, face à son interlocuteur. Répétons que tout cela ne se fait pas consciemment. C'est plutôt procédural, c'est-à-dire automatique.

 

 

Cette microdémangeaison n'est pas liée au "mensonge". (3) L'ancien premier ministre  ne ment pas, il n'est simplement pas en phase avec ce qu'il a dit abondamment ici et là. En plus, il parle sur le ton du conseiller s'adressant au néophyte. Ce qui tombe assez mal…

 

 
 
 
 
 

(1) Propos tenus par exemple dans le journal de 22h00 de Radio Canada, face à Céline Galipeua le 12 septembre 2102.
(2) Evidemment les hagiographes de Lucien Bouchard nous expliqueront qu'il n'y a pas là de contradiction mais d'un point de vue strictement sémantique  il y a contradiction et d'ailleurs il se gratte précisément ici. Le cerveau a repéré la contradiction dont il n'a sans doute pas explicitement conscience, mais il se gratte…

(3) Si ca avait été un mensonge, c'est le dessous du nez qui aurait été piqué. Dans les bases de données (A_0_D_n_20_P2_56), ici c'est l'aile extérieure (A_0_D_N_3_P2_56)

 

Le conflit étudiant dans les yeux de Jean Charest

Le 30 août sur RDI au Québec, les principaux chefs politiques ont eu 300 secondes chacun pour répondre aux questions de la journaliste Anne-Marie Dussault.  Commentant sur le vif ces 5 débats, j'ai été amené à dire que le premier ministre avait eu un moment difficile, un seul observable, celui où il parla du "conflit étudiant".
 
Bien préparé, le chef libéral dont la communication générale est plutôt de bonne qualité, est resté souriant et plutôt détendu. Si nous en restons à ce niveau de communication, il n'y a rien à dire de particulier.  Mais le langage corporel traduit immédiatement nos états d'âme . Il les exprime sur certaines parties du corps sans filtres, simplement parce que le déplacement de certains muscles échappe à notre contrôle conscient. C'est le cas de la partie inférieure de l'orbicularis oculi plus simplement appelée en synergologie fente palpébrale inférieure.
 
La première photographie "conflit étudiant" est mise à côté d'une photographie prise à un moment aléatoire du débat. Les flèches indiquent les zones lisibles des manifestations de l'anxiété.
 
Qu'est-ce que cela signifie  ?
 
Les mots que nous employons ne résonnent pas dans nos cerveaux pour chacun d'entre nous avec la même tonalité affective.  Certains mots sont très chargés émotionnellement, positivement ou négativement.  Ici, sur aucun sujet abordé, J. Charest n'est vraiment mal à l'aise, sauf sur le conflit étudiant. Il ne le dit pas, mais le phénomène est bien visible sur la zone de ses yeux.
 
Les étudiants en grève depuis 6 mois ont milité pour que le chef du gouvernement ne soit pas réélu. Auront-ils eu raison ou non  ? Les urnes seront seul juge.  En revanche ce qui est certain, c'est que psychologiquement ils ont effectivement déjà eu raison dans l'esprit du premier ministre. Lorsqu'il évoque le "conflit étudiant", malgré lui une anxiété monte en lui et cette anxiété se voit.
 
Les règles qui vous sont proposées dans ce blogue sont vérifiables. C'est d'ailleurs dans cet objectif qu'il a été construit. Il suffit aux personnes intéressées de retourner sur ces 300 secondes pour se rendre compte que nulle part ailleurs dans la vidéo, le blanc de l’œil sous l’œil  n'a été visible comme il l'est sur les mots et le thème "conflit étudiant".
 
 
 
 
 
 

Comment communique Pauline Marois ?

Le lendemain du premier des débats des chefs, au Québec, j'ai dit dans plusieurs médias que Pauline Marois était restée sereine durant tout le débat et plusieurs fois la même question m'a été adressée : "Ne serait-ce pas là un effet des interventions esthétiques (botox, infiltrations ou autres) qui ont tendance à gommer les dissymétries faciales et créer une expression de calme sur le visage?" Non.

Cette photographie de Pauline Marois est tirée du débat des chefs. Ce visage est ridé. C'est celui d'une femme de 64 ans. Des sillons sont visibles sur tout le visage, et la peau tombe sur le coin de ses paupières. Il est possible que la première ministre du Québec ait subi des traitements relevant de la chirurgie esthétique, mais il ne serait pas honnête de mettre la sérénité de la cheffe du parti québécois sur le compte d'autre chose que de la qualité de sa communication. D'ailleurs l'effet direct de la chirurgie esthétique est mesurable. C'est un effet de rigidité, pas de sérénité.


Qu'est-ce qui permet de dire que Pauline Marois avait l'air sereine ?
 
Entendons-nous bien, nous ne parlons pas ici de rhétorique politique, ce n'est pas l'enjeu. Nous parlons ici de la stricte communication de Pauline Marois.
Dès le démarrage du débat , Pauline Marois a dit "bonsoir" aux animatrices et sa bouche est restée entrouverte ensuite, signifiant sa détente intérieure. Elle est la seule des quatre chefs a avoir agi ainsi. Dans le même mouvement, elle cligna des paupières pour saluer les animatrices. La personne qui cligne des paupières fait entrer des images de l'autre dans son cerveau, traduisant très inconsciemment l'ouverture.  Là encore, elle est la seule, avec Jean Charest, à avoir réagi ainsi. Dans le premier segment, celui de la première prise de parole d'un temps identique pour tous les candidats, elle cligna 39 fois des paupières, comme Jean Charest, contre 9 fois chez François Legault. Elle était sereine, confiante. Les items corporels le traduisent hors de tout doute raisonnable. 
 
Elle ponctua son discours de gestes et tous ses gestes, en début de débat, ont été faits de la main gauche, alors qu'elle est droitière. La main gauche est connectée aux aires cérébrales du lien (1). On n'apprend pas à parler en utilisant la main gauche, cela se produit ou non selon les états émotionnels ressentis au moment du geste (2). Si ces mouvements  pouvaient s'apprendre, tous les leaders parleraient avec la main gauche. Il a fallu en réalité attendre 9,25 minutes pour que la main droite de Marois apparaisse.
Des quatre leaders, lorsqu'on les évalue, c'est elle qui a communiqué avec les gestes les plus hauts. Cette manière de faire est conforme aux observations montrant qu'en situation de dialogue, les leaders font toujours des gestes plus hauts que leurs collaborateurs. Ces études n'étant d'ailleurs pas contredites.
Si l'on considère l'espace occupé, c'est également elle qui s'est le plus déplacée, se tournant largement à droite et à gauche pour répondre à ses interlocuteurs. 
 
Et les deux autres débats
Dans les deux autres débats, certains commentateurs, sans nier le fait qu'elle ait pu être sereine, ont trouvé à certains moments Pauline Marois plus molle. Le rappel de certains  stéréotypes culturels est à ce égard on ne peut plus éclairant. 
Face à deux hommes à la voix forte et affirmée, il y a un moment ou une femme ne peut plus continuer à rivaliser dans les tons graves, sans risquer de voir son comportement qualifié d'hystérique (3). Pauline Marois se trouvait là face à un problème à solutio unique. Elle n'avait pas d'autre choix que de laisser finir celui qui coupait la parole, pour redémarrer ensuite sur un autre ton. Et ce, dans les deux débats avec Jean Charest et François Legault

 
Dans ces circonstances, la principale tâche d'un animateur digne de ce nom, ici Pierre Bruneau  de faire respecter le dialogue, c'est même la base de son métier. Ici sa fonction exigeait qu'il arrête les leaders trop impétueux. N'oublions pas que couper la parole est une technique de communication vieille comme la communication elle-même, et qu'elle est une technique efficace car celui qui parle le plus fort ou celui qui est le dernier à parler, est souvent perçu comme celui qui a raison, celui dont la parole est légitime. Or, ici l'animateur n'est jamais intervenu. 
Dans l'histoire des débats, aussi bien aux États-Unis qu'en France, jamais un animateur n'est si peu intervenu pour faire respecter le droit de parole.
 

Lorsque nous nous attardons aux indicateurs corporels et que nous établissons ainsi des comparaisons entre Pauline Marois et les autres chefs (ampleur de la gestuelle, hauteur des gestes, utilisation inconsciente de la main gauche ou de la main droite, forme du geste, déplacements faciaux, clignements de paupières, ouverture et mouvements de bouche, rotation de la tête, congruence mots-corps ), la communication de Pauline Marois a été de très haute tenue. Il faut passer, dépasser les enjeux idéologiques pour le dire ou le reconnaitre.

 

 

(1) Iaccino (1993) Left brain, right brain, différences inquiries, évidence and new aproaches, Hillsdale (N.J) . Lawrence Ernbaum, Associates 
(2) Feyereisen. P (1994): Le cerveau et la communication , Coll “ Psychologie d’aujourd’hui ”, P.U.F,  213 pages.
(3) Le ton, le timbre et l'intonation de la voix sont des composantes du langage non verbal. Seuls les mots sont ce qu'il est convenu d'appeler le verbal. Mehrabian A. (1972)  Nonverbal communication, Chicago, Aldine-Atherton , 1972.

Jean Charest, un corps plus parlant que les mots

 

Le 1er août 2012, le premier ministre du Québec Jean Charest, dans une atmosphère de crise a décidé de déclencher des élections le 4 septembre. Le même soir, il était à la télévision publique Radio-Canada pour répondre aux questions de la journaliste Céline Galipeau. L'interview en duplex a duré 7.02  minutes.  Il a fait la démonstration par l'image, que le corps ne parle jamais la langue de bois.

Tous les gestes du premier ministre, soit 100 % de ses gestes, ont été fait avec sa seule main droite. Tout ca aurait pu sembler très logique sauf que Jean Charest est … gaucher.

100 % des gestes de la main droite…. alors qu'il est gaucher.

Qu'est-ce que cela pourrait bien signifier ici ?

Le premier ministre a cherché à convaincre la journaliste et le public que le déclenchement d'élections au beau milieu des vacances des Québécois, est très logique, que la date n'a pas été choisie pour devancer la reprise des travaux de la Commission Charbonneau qui enquête sur la corruption dans le milieu de la construction (1), et que des élections déclenchées deux jours après la rentrée universitaire rendant difficile le vote des étudiants, n'est qu'un hasard. (2)
 
Sur 7 mns d'entrevue, le chef du parti libéral a parlé de son projet politique exactement 12 secondes en évoquant son plan pour le développement du Grand nord. Il a passé le reste du temps à essayer de justifier sa position et lorsque le corps est dans une situation de combat, qu'elle soit gauchère ou droitière, la personne communique davantage avec la partie droite de son corps, fait des gestes de la main droite.
 

L'oeil droit

 

Si la main droite s'exprime, ici l'oeil droit du premier ministre n'était pas en reste.  Il passe plus de 80 % du temps de l'entrevue à regarder la caméra avec son oeil droit. L'observation de cette réalité vous sera facilitée si vous décidez d'observer l'oreille plutôt que l'oeil (!), comme sur la seconde photo. Évidemment tout ça est très inconscient de sa part. Quiconque regarde une caméra estime bien la regarder avec les deux yeux. Mais l'hémi visage droit est toujours plus présent lorsque la personne entre en logique de combat.

Impartiale et objective, Céline Galipeau montre ses valeurs… par gestes

Céline Galipeau est une journaliste d'un grand professionnalisme. Impartiale et objective, elle serait sans doute choquée de savoir que ses propres idées puissent être lisibles. Mais il se trouve que lorsque nous faisons des gestes nous plaçons nos valeurs dans l'espace. Et elle montre sans ambiguïté sur cette vidéo, à partir de critères synergologiques (3) traditionnels, au moment ou elle les évoque, qu'elle préfère Pauline Marois à François Legault. Ses proches, les gens qui la côtoient, évalueront, apprécieront…

Peut-on fabriquer son langage corporel ?

Pour les gens qui penseraient que la gestuelle est calculée, ou que cela dépend de l’œil dominant, comparez cette vidéo à la vidéo publicitaire du parti libéral du Québec dans laquelle le premier ministre cherche à se montrer sur son meilleur jour, à partir de conditions d'enregistrement idéales. La dynamique du regard est différente, aussi bien au niveau des yeux que de celle des gestes.
D'ailleurs ces micromouvements, les personnages publics le savent bien,  ne sont pas maitrisables. (3)

Main droite et œil droit en avant, le chef du parti libéral part en guerre. Ceux qui s'attendraient à l'occasion des élections à un débat de société, assisteront sans doute davantage à un combat de société.  Nous ferons le point dans 32 jours.
 
(1) Si nous comparons les systèmes publics québécois et français les droits de scolarité au Québec sont aujourd'hui avant toute augmentation, 9 fois supérieurs par rapport à la France.
(2   Le système pré universitaire  et universitaire est paralysé par des gréves depuis prés de 6 mois.
(3) la synergologie est une discipline, possédant ses références, codes d'observation, ses modes de validation. Ce n'est pas une branche de la psychologie, ni de ce que l'on appelle parfois le "body language".
(3) le langage du corps se travaille certes, mais autrement, c'est-à-dire à partir de l'état d'esprit. Le langage du corps constitue alors un indicateur permettant de comprendre à quel point les valeurs défendues sont effectivement incarnées dans le corps,  c'est-à-dire réellement possédées. La pire stratégie consisterait de la part d'un personnage public à vouloir contrôler ses réflexes corporels. Elle serait contre-productive.

Segolène Royal et Olivier Falorni : le début d’un évanouissement

 
La Rochelle le 17 juin 2012, alors qu'elle est en débat organisé par caméras interposées avec le candidat qui vient de la battre, Ségolène Royal a une défaillance, le début d'un évanouissement. La scène dure 3 secondes. 
Sur cette photo réalisée sans trucages , on la voit s'affaisser.

 

Première photographie d'elle, elle écoute pour répondre.

Photographie suivante, ce qui a tout l'air d'une absence, d'un évanouissement, avant qu'elle ne se reprenne.


 

Ce qui fait penser à l'amorce d'un évanouissement 
 
Durant les 15 secondes qui précèdent ce semi évanouissement, Ségolène Royal cligne 17 fois des paupières, montrant qu'elle écoute ce que dit son rival vainqueur. Les clignements de paupières permettent d'intégrer l'information pour la faire entrer dans le cerveau et la conserver.
Elle cligne intensément des paupières, parce qu'elle écoute la réponse d'Olivier Falorni à la question du journaliste qui lui a demandé s'il allait remercier Valérie Trierweiler pour son tweet d'appui.

Et lorsqu'elle cesse de cligner des paupières donc d'écouter alors qu'elle devra répondre ensuite, c'est parce qu'elle a une absence, c'est en tous les cas la situation la plus plausible.
Rien ne permet d'ailleurs d'expliquer que tout à coup elle disparaisse sous la caméra comme elle le fait.
 
Ségolène Royal tombe de son piédestal tout à fait physiquement … trois secondes…seulement trois secondes.
Elle aurait pu choir, mais non. Cette scène rochelaise est en elle-même une métaphore.
 
Si vous êtes intéressé par les 23 secondes de cette vidéo, c'est ici 

 

 

 
 

François Hollande : l’art de programmer la spontanéité.

 
 

Au cours du débat du 6 mai, François Hollande permit à la France qui ne le savait pas, de découvrir ce qu'était une anaphore, cette figure de style consistant à commencer une phrase par les mêmes mots.

Il scanda 16 fois, "Moi président de la république…"  présentant sous une forme originale sa conception de la fonction de président.
Certains ont trouvé ça très réussi, d'autres ont moins aimé, mais tous ont reconnu à cette occasion que le candidat était brillant.
Il convient de se demander si cette éloquence était spontanée…et elle ne pouvait pas l'être.
"Moi président de la république…" une allocution préparée
 

Une analyse attentive du langage corporel de François Hollande nous conduit à pouvoir affirmer que ce moment du débat ne pouvait pas être spontané. Il avait été préparé.

 

Ce, pour plusieurs raisons conjuguées

1. D'abord parce que François Hollande qui avait l'habitude de regarder systématiquement Nicolas Sarkozy dans les yeux avant d'attaquer chaque phrase (Image 1), s'est mis au moment ou il a commencé à dire : "Moi président…" à détourner son regard et ce durant les 16 moments d'anaphores (image 2).

En évitant son regard, il pouvait ainsi mieux se concentrer pour retrouver, réciter, ce qu'il avait préparé. D'ailleurs, aussitôt qu'il a cessé de dire "moi président de la république", il s'est remis à regarder Nicolas Sarkozy

2. Ensuite, parce que ses yeux partaient à gauche dans l'espace. C'est à cet endroit qu'ils se portent lorsqu'on cherche un évènement passé ou appris. Comme il parlait de son futur de président  nous aurions pu nous attendre à ce qu'il regarde à droite. Ce qu'il fit par ailleurs régulièrement en évoquant le futur, dans le débat.  Mais pas là.

3. Également parce que François Hollande clignait énormément des paupières dans ses débuts de phrase. Il mobilisait ses ressources cérébrales, pour rappeler l'information. 

 

 François Hollande est connu pour avoir une bonne mémoire et Nicolas Sarkozy a, ici, fait les frais de la qualité de mémoire du nouveau président de la république. 

Le  fait qu'un si long texte ait pu être appris et inséré, ailleurs qu'en introduction ou en conclusion d'un débat télévisé de grand prestige, constitue certainement une  première. 
Il n'est pas certain que cela se soit déjà vu dans aucun grand pays occidental. Preuve que même la spontanéité se prépare…

Quand François Hollande remercie Nicolas Sarkozy

 
 
 
Le 6 mai, lors de son premier discours de président, François Hollande a remercié Nicolas Sarkozy. Au moment précis ou il parlait de lui, en disant :

"Nicolas Sarkozy qui a dirigé la France pendant 5 ans et qui à ce titre mérite tout notre respect" 

Nous lui avons vu faire un geste (voir image au dessus) qu'il ne fait jamais d'habitude, un geste qui ne fait pas partie du patrimoine corporel de François Hollande, mais qui est par contre le geste le plus fréquemment réalisé par  Nicolas Sarkozy en discours, un geste qui d'une certaine manière le définit visuellement.
François Hollande pensait à Nicolas Sarkozy dont il parlait et il effectuait le  geste qui définit le mieux Nicolas Sarkozy. C'était évidemment non conscient de sa part.

Il ne reparlera pas de Nicolas Sarkozy durant toute la durée du discours, et il ne refera pas non plus ce geste durant le quart d'heure de discours qui suit.  Alors Pourquoi ce geste ?

 
François Hollande remerciait Nicolas Sarkozy en mimant Nicolas Sarkozy lui-même !

Cette attitude était absolument inconsciente, n'en doutons pas. Elle représente ce qu'on appelle un idéogramme verbo-moteur. 

Lorsque nous parlons d'une personne, elle ne revient pas de manière théorique dans notre esprit. Elle revient avec toute sa corporéité et nous avons tendance à épouser de manière très schématique son attitude, lorsque nous parlons d'elle. Elle nous apparait en action, enaction aurait dit Francisco Varela.
 
Dans l'imaginaire de François Hollande, l'index et le majeur fermés en pince ascendante, sont sans doute l'attitude corporelle qui représente le mieux Nicolas Sarkozy.  C'est sans doute sous cette forme qu'il existe dans son esprit lorsqu'il l'imagine en discours, la représentation de lui qu'il retient en action, et l'image qu'il laissera de lui, à l'insu de son plein gré, dans l'exprit nouveau président français élu.