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La synergologie et les faits

CaptureLa synergologie permet de mieux comprendre l'être humain  à partir de son langage corporel. Son cadre explicatif l'oblige à respecter deux paramètres. D'abord, décrire le plus précisément possible la réalité pour en faire émerger des phénomènes qui n'avaient pas été observés jusque là. Ensuite, offrir la possibilité à d'autres chercheurs de réfuter, critiquer les propositions émises sur des bases scientifiques constructives.
En synergologie, la théorie des microdémangeaisons se prête bien à ce type de démonstration.  Le schéma  accompagné de points, permet de visualiser la topographie des zones sur lesquelles les personnes se passent la main lorsqu'elles se grattent le visage.

Une microdémangeaison spécifique effectuée sur le bout du nez (zone N10) permet de penser que la personne qui l'effectue est curieuse. Curieuse de voir, curieuse de savoir, curieuse de comprendre, bref curieuse.

Émettre l'hypothèse que la personne est curieuse lorsqu'elle applique sa main sur le haut de son nez pour le caresser ou le gratter, est l'explication la plus logique en l'état des connaissances.

Dans la zone du nez, huit microdémangeaisons font ainsi l'objet d'horizons de sens différents; chaque zone touchée, grattée ou caressée inconsciemment exprime un non-dit.

La vidéo précédente peut être mise en perspective avec une autre attitude, celle où la personne se gratte à l'aide de la pince pouce-index sous le nez en l'obturant. Ce mouvement traduirait un malaise  :  "Il y a un problème".  Et bien évidemment ce geste est inconscient.

La proposition consistant à comprendre qu' "il y a un problème" lorsque la personne effectue ce type de microdémangaison, constitue aujourd'hui l'explication la plus plausible. Elle est née de l'observation de situations récurrentes. 1260 items classifiés forment aujourd'hui le corpus de la synergologie et regroupent tous les aspects du langage corporel.

Des milliers de vidéogrammes représentant des situations observées in vivo sont ainsi stockés dans des bases numériques pour être comparés, enrichis tous les jours par des sources nouvelles. De ces comparaisons est né au fil du temps un corpus de  propositions stables.

Un des objectifs de la synergologie est de comprendre et de montrer à quel point le corpus gestuel est universel. Ce qui ne veut évidemment pas dire que chaque culture n'a pas son système symbolique conscient. Toutefois, à un niveau infra-conscient, il semble bien que les réactions corporelles humaines partagent toutes des codes communs.

Pendant longtemps, les biologistes ont pensé que les microdémangeaisons permettaient d'inhiber des zones de la douleur, et que c'est dans les occasions de malaise que nous nous grattions. Mais très récemment, Mishra et Hoon (2013) ont repéré que les circuits de la douleur et ceux de la démangeaison sont distincts, et qu'un polypeptide, le nppb serait à l'origine des démangeaisons. Ces découvertes issues du champ de la neurobiologie s'accordent bien avec les observations synergologiques, de nombreuses microdémangeaisons engendrées par des évènements à valence positive générant à leur tour une excitation positive. Ce qui est le cas d'ailleurs sur certaines situations présentées sur la première vidéo. 

Dans le champ du langage corporel, il n'existait avant la synergologie aucune autre base d'identification des lieux précis des microdémangeaisons, et aucune proposition d'horizon de sens réfutable. Des chercheurs avaient bien remarqué que les gens se grattaient sans raison apparente, Morris (1967), Cosnier (1977) Ekman et Friesen (1969) Kimura (1976) notamment, et ils sont loin d’être les seuls. Mais aucun d'eux ne s’était jamais intéressé précisément à mettre en lien l'état responsable de la microdémangeaison avec la topographie stricte de ces mouvements. Or, le corps humain ne fait jamais rien sans raison. C'est le principe de base de l'homéostasie (Claude Bernard, 1865). Les gestes sont donc toujours forcément signifiants.

Pourquoi ces phénomènes n’avaient-ils pas été observés auparavant, s’ils sont si clairs ?

Un postulat de la communication non verbale veut que le geste soit lié à la parole. Or ce postulat en a complètement occulté un autre : le geste lié à la pensée. Car il suffirait que le geste ne soit pas lié à la parole, qu'il soit lié à la pensée pour que le langage corporel soit observé sous un prisme différent. Dans les deux exemples vidéo précédents, c'est la nature différente des pensées (et non des paroles) qui est à l'origine de deux types de microdémangeaisons différentes. C'est l'option la plus logique en l'état des connaissances.

La  théorie des microdémangeaisons  permet d'amorcer ainsi une réflexion sur des aspects du langage corporel qui n'avaient jamais été abordés sous cet angle là,  alors qu'ils sont fondamentaux pour comprendre l'être humain et créer des interactions plus riches.

 

Ce message est tiré d'une communication présentée l'Université de Nancy-Lorrraine aux 2èmes Journées d’études du réseau Duplication, Implication, Réplication, réseau international et multidisciplinaire de chercheurs en communication et en sciences sociales, le 9 juin 2015 qui proposait une réflexion sur les formes de duplication et d’engagement dans l’environnement numérique.

 

Bibliographie

Bernard, C (1865) Introduction à l'étude de la médecine expérimentale.

Dahan, G., & Cosnier, J. (1977). Sémiologie des quasi-linguistiques français. Psychologie médicale, 9(11), 2053-2072.

Ekman, P., & Friesen, W. V. (1981). The repertoire of nonverbal behavior: Categories, origins, usage, and coding. Nonverbal communication, interaction, and gesture, 57-106.Kimura, D. (1976) « The neural basis of gesture », dans Whitaker , H. et Harry A. Studies in neurolinguistics, vol. 2, Academic Press, 1976, p. 145- 156.

Kimura D., (1976): “ The neural basis of gesture ”, In H. Whitaker et H.A Whitaker : Studies in neurolinguistics, 1976 , Vol 2 (pp. 145-156).

Meguerditchian, A. (2009) Latéralité et communication gestuelle chez le babou et le chimpanzé : à la recherche des précurseurs du langage, Thèse 2009.

Mishra, S. K., & Hoon, M. A. (2013). The cells and circuitry for itch responses in mice. Science, 340(6135), 968-971.

Morris, D. (1967). Le singe nu (1967). Paris, Grasset.

 

 

 

 

La synergologie, un nouveau paradigme

La synergologie est une discipline nouvelle et populaire. Elle se trouve, de fait prise entre deux feux : ceux qui ratingvoudraient en négliger la nouveauté parce qu'introduire de la nouveauté oblige aussi à écarter quelques idées au passage, et ceux qui pensent que tout ça n'est pas nouveau, d’autant que beaucoup de travaux existent dans le champ du non verbal.

La synergologie est apparue dans le champ de la communication non verbale au moment d'un changement de paradigme.

La connaissance  traditionnelle du langage "non verbal" est basée sur deux postulats   :

  1. Le langage corporel est le langage qui accompagne le langage verbal.
  2. Le langage corporel est le langage des émotions.

Le propre d'un postulat est qu'il n'a pas besoin d'être démontré. En psychologie par exemple, le postulat de base veut que le psychisme de l'être humain le définisse. Evidemment s'il s'avérait que le psychisme n'existe pas, l'édifice psychologique s'effondrerait de lui-même. Mais en attendant ce postulat est bien solide. Pour les sociologues le postulat de base veut que les  rapports sociaux soient structurants pour l'individu. Chaque discipline repose ainsi sur un certain nombre de postulats qui n’ont pas à être discutés, parce que c’est autour d’eux que la discipline se forge.

Or les deux postulats précédents relevant du non verbal, et tenus pour vrais pendant très longtemps ont besoin d’être réexaminés aujourd’hui, à la lueur des observations faites grâce aux moyens modernes d’investigation.  Ils obligent à considérer la dimension corporelle du langage non verbal un peu différemment.

Reprenons les deux postulats issus du paradigme traditionnel :

1. Le langage corporel accompagne le langage verbal.

Le langage corporel dans le champ académique c'est ce qu’on appelle le plus souvent la gestuelle, et évidemment la gestuelle accompagne le langage verbal. A ce titre, il est dit que le langage corporel est co-verbal.  D’un certain point de vue, comme les propos sont généralement accompagnés de gestes, tout ça fait tellement de sens qu’il ne semble pas y avoir de raison de remettre en question un postulat si évident. Or aujourd’hui, au regard de l'imagerie cérébrale autant que de certaines expériences plus traditionnelles, la dimension « co verbale » du langage du corps  semble largement marginalisée au détriment d'autres dimensions de ce langage. Prenons d'abord deux exemples. Ackerman et al (2010) ont montré que lorsque deux personnes négocient sur des chaises molles, elles négocient plus mollement que si elles négocient sur des chaises dures (!). La texture des chaises est reconnue par le corps qui envoie des messages au cerveau. Chen et al, (2001) ont observé de leur côté que les personnes qui avaient des objets rugueux dans les mains négociaient plus âprement que celles qui avaient  des objets mous. D'autres expériences de ce type existent, elles traduisent le fait que les sensations envoyées par le corps préparent le cerveau à penser comme il va le faire.  Le message envoyé par le corps aura un effet sur la teneur du message verbal,  le corps (en fait les zones sensorimotrices du cerveau reliées plus directement au corps) prépare la personne à penser ce qu’elle va dire, bien avant qu'elle ne le dise.

Toutes ces expériences faites dans d’autres champs que celui du non verbal proprement dit, permettent de comprendre que le langage corporel n'accompagne pas le langage verbal mais qu'il le précède. Il prépare de manière non consciente pour elle la personne à dire ce qui ne va émerger sous forme sonore et verbale que plus tard.  Et tout le paradigme synergologique revient non pas à chercher le co-verbal, mais plutôt la trace corporelle de la pensée non consciente, qui peut déjà être observée dans certaines conditions sur le corps, à travers son langage.

Ces expériences conduisent à penser qu’un être humain peut également être traversé par plusieurs rythmes corporels qui s’entremêlent, parce que la personne peut traiter plusieurs pensées en même temps, et que toutes ces pensées n’ont pas toutes le même niveau de maturation.  Nous clignons des paupières environ toutes les 2 secondes et ne changeons de position assise que toutes les dix minutes environ. Pendant que les clignements de paupières permettent d'intégrer activement les informations venues de l'extérieur, les jambes en position assise peuvent être dans un repos presque total. Toutes les parties du corps ne sont donc pas engagées au même titre dans l'interaction, et les rythmes corporels ne sont pas co-verbaux loin de là. Ils sont pluraux.

Renverser le paradigme dominant,  c’est dire que ce n'est pas le langage corporel qui est co-verbal, c'est le langage verbal qui est co-corporel. Cette façon de voir est plus logique aujourd’hui ( Bechara et al, 1997, Damasio et al, 2000, Haynes, 2006, Gazzaniga, 2011, Chen et  Bargh, 1999,  Bargh, 1992, Chen et al, 2001, Barsalou, 1999, Bower, 1991). D’une certaine manière, « le corcept précède le concept », mais le bouleversement à introduire pour faire passer cette idée dans certains champs de la réflexion est considérable.  

Dans la réflexion sur le langage corporel, la synergologie peut jouer un rôle intéressant car ces phénomènes sont observables, ils peuvent être numérisés et comparés à condition d’avoir une grille de description du langage corporel exhaustive (nous y reviendrons dans le prochain article).  La chance énorme de ce champ, c’est qu’il est possible de passer plus facilement qu’on ne le pense de la théorie à la pratique, grâce à l’observation visuelle.

Un second postulat demande également à être discuté. Le postulat à l'effet que le langage corporel soit le langage des émotions, parce que là encore  la proposition est tellement réductrice qu’elle empêche de comprendre ce qu’est le langage corporel et à quel point il est utile à la compréhension de la relation.

2. Le langage corporel est le langage des émotions.

Certes les émotions inscrites sur le visage et le corps méritent d'être repérées et décrites avec précision mais le langage corporel ne saurait se résoudre à n'être que le langage des émotions. Il est autant le langage de la cognition que le langage des émotions. Il est autant le langage de la relation que le langage des émotions.  Une personne à l'écoute, bien concentrée dans un entretien ou une réunion d’équipe, laisse passer très peu d'émotions. Pourtant, elle dispose bien d’un langage corporel qui exprime ce qu’elle pense mais qu’un travail sur les émotions ne permet pas de rendre compte.

Là encore, dire que le langage corporel relève autant de la relation, de la cognition que des émotions, relève d'un changement de paradigme.  Une personne peut être attristée par l’attitude d’une personne qu’elle apprécie pourtant profondément. Qu'est-ce que le corps traduira-t-il à votre avis : de la tristesse ou du lien ? Et bien, il traduira les deux états en même temps. Une émotion négative et une qualité de relation.

Une personne effrayée et stressée peut, soit s’arrêter subitement  de réfléchir, soit ne pas interrompre le cours de ses pensées. Il y a là de l’émotion et de la cognition. Ne prendre en compte que les émotions, conduit à se couper de l’information corporelle la plus intéressante, celle qui veut que cette personne continue d’être présente ou qu’elle se coupe parce qu’elle est trop effrayée.  Dans un cas, vous allez continuer à dialoguer avec elle, et dans l’autre, surtout l’écouter pour lui permettre d'évacuer son mal-être. 

Si on répète comme un mantra que le langage corporel c’est le langage des émotions, on passe à côté de sa diversité. Et on passe à côté des phénomènes les plus intéressants à observer pour qui est intéressé par l’autre.

Évidemment, ce changement de paradigme oblige à la création de nouveaux outils pour analyser autrement  le langage corporel. Dire que le langage corporel est traversé par différents rythmes, sans théoriser ces différents rythmes et se donner les moyens de les observer n’aurait pas grand sens.

Dans le prochain message nous évoquerons  la démarche synergologique.

 

Bibliographie sommaire :

 

Ackerman, J. M., Nocera, C. C., & Bargh, J. A. (2010). Incidental haptic sensations influence social judgments and decisions. Science, 328(5986), 1712-1715.

Bargh, J.A. (1992). Being unaware of the stimulus vs. Unaware of its interpretation : why sublimality per sedoes matter to social psychology, in R. Bornstein & T. Pittmann Eds, Perception without awareness. New-York: Guilford.

Barsalou, L. W. (1999). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617–645.Bechara, A., Damasio, H., Tranel, D., & Damasio, A. R. (1997). Deciding advantageously before knowing the advantageous strategy. Science, 275(5304), 1293-1295.

Bower, G. H. (1991). Mood Congruity of Social Judgments. In J. P. Forgas (Eds.), Emotion and Social Judgments (pp. 31–54). Oxford: Pergamon Press.

Brouillet, T., Heurley, L., Martin, S., & Brouillet, D. (2010). Émotion et cognition incarnée: La dimension motrice des réponses verbales «oui» et «non». Canadian Journal of Experimental Psychology/Revue canadienne de psychologie expérimentale, 64(2), 134.

Chen, S., & Bargh, J. A. (1999). Consequences of Automatic Evaluation: Immediate Behavior Predispositions to Approach or Avoid the Stimulus.Personality and Social Psychology Bulletin, 25, 215–224.

Clark, A. (1997). Being there: Putting Brain, Body, and World Together again. Cambridge: MIT Press. Content, A., Mousty, P., & Radeau, M

Clark, A. (1997). Being there: Putting Brain, Body, and WorldBarsalou, L. W. (1999). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617–645

Damasio, A. R., Grabowski, T. J., Bechara, A., Damasio, H., Ponto, L. L., Parvizi, J., & Hichwa, R. D. (2000). Subcortical and cortical brain activity during the feeling of self-generated emotions. Nature neuroscience, 3(10), 1049-1056.

Gazzaniga, (2011) Le libre arbitre et la science du cerveau. Ed Odile Jacob, (pp 141-142)Gibson, J. J. (1977). The theory of affordances. Hilldale, USA.

Haynes, J-D. (2006). Decoding mental states from brain activity in Humans, Nature Reviews Neuroscience, vol. 7(7), pp. 523-34, 2006 Compte rendu Cerveau et psycho, n°41 septembre-octobre 2010, pp-70-72.

 

 

 

 

 

 

L’effet Pygmalion et Françoise David

Dans ce blogue, nous allons décrire le phénomène qui permet de comprendre que le fait de gagner un débat politique, du type du débat des chefs de ce soir, n'est pas lié directement avec la qualité de la prestation des chefs. Et qu'en outre, le langage corporel est central dans ce processus.

Ce soir, 27 mars 2014, au Québec, le second débat va opposer les quatre principaux dirigeants de partis québécois dans leur course pour devenir Premier ministre du Québec.
Comme dans tout débat, des spécialistes vont être conviés à donner leur avis sitôt le débat terminé, et avant même que les sondages ne s'en mêlent, tenter de répondre à cette question : Qui a gagné le débat ?

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Comment décoder la tromperie sur les critères du langage corporel ?

 
 
 
Décoder le mensonge sur des critères corporels peut être aléatoire ou plus sérieux selon la méthodologie mise en œuvre. 
Le spécialiste, qui pense que le décodage du mensonge se fait à partir de l'identification  des émotions risque de se trouver dans l'impasse. En revanche, celui qui prend en compte cet axiome : le menteur retient la vérité et il place son corps sous contrôle, verra sa tâche facilitée, surtout dans l'exercice de décodage d'une commission chargée d'expliciter des mécanismes frauduleux.

Dans la première optique, la plus hasardeuse,  il s'agit de chercher à repérer des émotions et dans la seconde, de rechercher la vigilance corporelle.

 

Pourquoi on ne parvient pas à décoder la tromperie en recherchent à repérer des émotions ?

Au départ. le gros bon sens porte à croire qu'une personne menteuse est mal à l'aise. Or le comportement observé traduit généralement exactement le contraire (Kassin et al, 2004) ). Le menteur sait que s'il a l'air mal à l'aise il sera pris pour un menteur. La seule chose sur laquelle il se concentre. c'est d'avoir l'air sûr de lui. Alors que la personne qui dit la vérité, elle, ne pense pas à tout ça, si bien que si dans la vie de tous les jours, elle est plutôt  pataude ou empruntée, elle va avoir l'air d'une menteuse. 
Dans l'optique de ce même gros bon sens, on pense que le menteur ne regarde pas dans les yeux, alors qu'en fait il regarde davantage fixement son interlocuteur que celui qui dit la vérité ! (Kassin et Fong, 1999) 
Le menteur sait que s'il ne regarde pas son interlocuteur et  doute de ce qu'il dit, il risquera d'être démasqué, alors que la personne qui dit la vérité ne se pose pas toutes ces questions, et pour peu qu'elle soit introvertie, va avoir tendance à être prise pour une menteuse (Porter et Brinke, 2010). 

 

 

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Obama Romney ou Obama Mc Cain : Les six débats gagnés dés la poignée de mains

 

     Le seul débat perdu par Obama
    Romney tient l'avant-bras d'Obama

Il est dit que la première impression décide souvent de la nature d'une relation, et la plupart des auteurs s'accordent à dire qu'elle se fabrique dans les esprits en moins d'une seconde, c'est dire son importance. (1) 

Dans les débats politiques, un seul moment permet d'observer les leaders d'un seul regard, c'est le moment où ils se serrent la main.  Ensuite durant toute la durée du débat le regard du téléspectateur ira sans cesse d’un candidat à l'autre mais il n‘aura plus l’occasion de les embrasser tous les deux d’un seul coup d’œil. La poignée de mains filmée n'est donc pas un élément d'interprétation à négliger. 
 
Barack Obama a institué un nouveau code de communication à ce moment stratégique de la rencontre : le fait de toucher son adversaire avec l'autre main que celle de la poignée de mains dès la rencontre. Personne ne l’avait fait avant lui. Dans les premiers débats, les candidats étaient déjà assis au moment de la prise d'antenne de la  télévision. Ensuite dans la période des débats Bush-Clinton, ils ont commencé à se saluer debout sur le plateau en se serrant la main, mais  personne n'avait donc encore osé poser sa main sur le bras ou l'épaule de son concurrent et marquer ainsi son empreinte sur lui en début de rencontre. 
C’est avec le sénateur Mc Cain que Barack Obama, dès son premier débat a bousculé la règle qui voulait que les adversaires politiques ne se touchent pas. Trois fois durant les trois débats il posa la main sur l'épaule ou le bras de Mc Cain, et la laissa ainsi déposée sur lui, bien visible à l'œil de la caméra après que l'autre ait cessé de lui serrer la main. Il gagna les trois débats. La règle observée dans le monde animal, voulant que le dominant marque sa domination par son toucher prononcé, semblait pouvoir s'appliquer à l’être humain au grand plaisir de feu Charles Darwin.
 
Dans les débats l'opposant à  Mitt Romney, les sondages ont donné Barack Obama vainqueur à la fin du débat deux fois sur trois, et il resta la main déposée sur son adversaire, après que l'autre se fut retiré… deux fois sur trois.
Barack Obama a perdu le premier débat et c’est précisément lors du premier débat que Romney a gagné "le duel" des poignées de mains. Sur la première photographie en bas à gauche, M. Romney continue de tenir l'avant-bras de Obama, alors que celui s'est retiré.
Dans les deux débats suivants la situation s'est inversée. Obama lui même reconnaît avoir perdu ce premier débat.
 
 
Et les cours de communication alors.. !
 
Les codes de la dominance sont bien connus de tous les leaders qui ont tous pris nombre de cours de communication leur permettant de faire à coup sûr la meilleure première impression. Le seul problème c'est qu'ils ont tous pris le même type de cours et le vrai dominant reste et restera celui qui est le vrai dominant. Ce n'est donc pas en prenant des cours de poignées de mains que le leader s'affirmera, contrairement à ce qu'on chercherait parfois à nous dire. Mc Cain avait bien essayé de rivaliser sur la durée de la poignée de mains avec Obama, mais il est arrivé un moment où mal à l'aise il a éprouvé le besoin de se retirer, alors qu'Obama continuait à tapoter tranquillement son épaule. 
 
Il est intéressant de noter qu’un gagnant de débat peut très bien être identifié par un public  regardant le débat, le son de sa télévision, coupé.  
Du point de vue de l'orateur, L’argumentation est sans doute moins importante que la confiance qu'il développe. Sa confiance en lui colore son discours et c'est elle qui lui permet d'être reconnu comme vainqueur au terme de la joute verbale. 
 
 
 
(1) Bar,M, Neta,M andLinz, H. (2006) Very First Impression.  Emotion, Vol. 6, No. 2, 269–278

L’aile gauche du nez de Lucien Bouchard


Le contexte
 

À l'occasion de la sortie de son livre "Lettres à un jeune politicien", Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, explique ici au plus jeune député de l'Assemblée Nationale jamais élu, Léo Bureau-Blouin (20 ans) qu'il faut "tenir compte de ce qui se passe dans la population...". Au moment précis où il emploie ces mots, il se gratte l'aile gauche du nez.

 

Pourquoi se gratte-t-il l'aile gauche du nez ?

 

L'ex premier ministre a répété toute la journée, lors de chaque entrevue réalisée: "un gouvernement ne doit jamais céder devant la rue", évoquant les manifestations de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui le "printemps érable" au Québec.

Il conseille pourtant au nouvel élu qui a aussi été un des trois leaders étudiants de ce printemps érable: "Il faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" Or,  ce conseil est en contradiction avec l'essentiel de ses déclarations de la journée. Avouons qu'il est difficile de dire du même souffle qu'il " faut tenir compte de ce qui se passe dans la population" et  "qu'il ne faut pas céder à la rue" (1). Car c'est bien la population qui est dans la rue…

 

Ce geste de  Lucien Bouchard, se gratter l'aile gauche du nez qui le pique, exactement au moment ou il emploie l'espression tenir compte de la population exprime la contradiction inconsciente de son discours. Cette microdémangeaison est typique et facilement  identifiable. (3mns 21 après le début de l'entrevue). Il se gratte en parlant, le cerveau a sans doute détecté cette contradiction du discours. (2)
 

Le fait de se gratter lui permet de détourner le regard, de se cacher subrepticement avec la main pour revenir dans son monde, évitant ainsi d'avoir l'air incohérent, face à son interlocuteur. Répétons que tout cela ne se fait pas consciemment. C'est plutôt procédural, c'est-à-dire automatique.

 

 

Cette microdémangeaison n'est pas liée au "mensonge". (3) L'ancien premier ministre  ne ment pas, il n'est simplement pas en phase avec ce qu'il a dit abondamment ici et là. En plus, il parle sur le ton du conseiller s'adressant au néophyte. Ce qui tombe assez mal…

 

 
 
 
 
 

(1) Propos tenus par exemple dans le journal de 22h00 de Radio Canada, face à Céline Galipeua le 12 septembre 2102.
(2) Evidemment les hagiographes de Lucien Bouchard nous expliqueront qu'il n'y a pas là de contradiction mais d'un point de vue strictement sémantique  il y a contradiction et d'ailleurs il se gratte précisément ici. Le cerveau a repéré la contradiction dont il n'a sans doute pas explicitement conscience, mais il se gratte…

(3) Si ca avait été un mensonge, c'est le dessous du nez qui aurait été piqué. Dans les bases de données (A_0_D_n_20_P2_56), ici c'est l'aile extérieure (A_0_D_N_3_P2_56)

 

Comment communique Pauline Marois ?

Le lendemain du premier des débats des chefs, au Québec, j'ai dit dans plusieurs médias que Pauline Marois était restée sereine durant tout le débat et plusieurs fois la même question m'a été adressée : "Ne serait-ce pas là un effet des interventions esthétiques (botox, infiltrations ou autres) qui ont tendance à gommer les dissymétries faciales et créer une expression de calme sur le visage?" Non.

Cette photographie de Pauline Marois est tirée du débat des chefs. Ce visage est ridé. C'est celui d'une femme de 64 ans. Des sillons sont visibles sur tout le visage, et la peau tombe sur le coin de ses paupières. Il est possible que la première ministre du Québec ait subi des traitements relevant de la chirurgie esthétique, mais il ne serait pas honnête de mettre la sérénité de la cheffe du parti québécois sur le compte d'autre chose que de la qualité de sa communication. D'ailleurs l'effet direct de la chirurgie esthétique est mesurable. C'est un effet de rigidité, pas de sérénité.


Qu'est-ce qui permet de dire que Pauline Marois avait l'air sereine ?
 
Entendons-nous bien, nous ne parlons pas ici de rhétorique politique, ce n'est pas l'enjeu. Nous parlons ici de la stricte communication de Pauline Marois.
Dès le démarrage du débat , Pauline Marois a dit "bonsoir" aux animatrices et sa bouche est restée entrouverte ensuite, signifiant sa détente intérieure. Elle est la seule des quatre chefs a avoir agi ainsi. Dans le même mouvement, elle cligna des paupières pour saluer les animatrices. La personne qui cligne des paupières fait entrer des images de l'autre dans son cerveau, traduisant très inconsciemment l'ouverture.  Là encore, elle est la seule, avec Jean Charest, à avoir réagi ainsi. Dans le premier segment, celui de la première prise de parole d'un temps identique pour tous les candidats, elle cligna 39 fois des paupières, comme Jean Charest, contre 9 fois chez François Legault. Elle était sereine, confiante. Les items corporels le traduisent hors de tout doute raisonnable. 
 
Elle ponctua son discours de gestes et tous ses gestes, en début de débat, ont été faits de la main gauche, alors qu'elle est droitière. La main gauche est connectée aux aires cérébrales du lien (1). On n'apprend pas à parler en utilisant la main gauche, cela se produit ou non selon les états émotionnels ressentis au moment du geste (2). Si ces mouvements  pouvaient s'apprendre, tous les leaders parleraient avec la main gauche. Il a fallu en réalité attendre 9,25 minutes pour que la main droite de Marois apparaisse.
Des quatre leaders, lorsqu'on les évalue, c'est elle qui a communiqué avec les gestes les plus hauts. Cette manière de faire est conforme aux observations montrant qu'en situation de dialogue, les leaders font toujours des gestes plus hauts que leurs collaborateurs. Ces études n'étant d'ailleurs pas contredites.
Si l'on considère l'espace occupé, c'est également elle qui s'est le plus déplacée, se tournant largement à droite et à gauche pour répondre à ses interlocuteurs. 
 
Et les deux autres débats
Dans les deux autres débats, certains commentateurs, sans nier le fait qu'elle ait pu être sereine, ont trouvé à certains moments Pauline Marois plus molle. Le rappel de certains  stéréotypes culturels est à ce égard on ne peut plus éclairant. 
Face à deux hommes à la voix forte et affirmée, il y a un moment ou une femme ne peut plus continuer à rivaliser dans les tons graves, sans risquer de voir son comportement qualifié d'hystérique (3). Pauline Marois se trouvait là face à un problème à solutio unique. Elle n'avait pas d'autre choix que de laisser finir celui qui coupait la parole, pour redémarrer ensuite sur un autre ton. Et ce, dans les deux débats avec Jean Charest et François Legault

 
Dans ces circonstances, la principale tâche d'un animateur digne de ce nom, ici Pierre Bruneau  de faire respecter le dialogue, c'est même la base de son métier. Ici sa fonction exigeait qu'il arrête les leaders trop impétueux. N'oublions pas que couper la parole est une technique de communication vieille comme la communication elle-même, et qu'elle est une technique efficace car celui qui parle le plus fort ou celui qui est le dernier à parler, est souvent perçu comme celui qui a raison, celui dont la parole est légitime. Or, ici l'animateur n'est jamais intervenu. 
Dans l'histoire des débats, aussi bien aux États-Unis qu'en France, jamais un animateur n'est si peu intervenu pour faire respecter le droit de parole.
 

Lorsque nous nous attardons aux indicateurs corporels et que nous établissons ainsi des comparaisons entre Pauline Marois et les autres chefs (ampleur de la gestuelle, hauteur des gestes, utilisation inconsciente de la main gauche ou de la main droite, forme du geste, déplacements faciaux, clignements de paupières, ouverture et mouvements de bouche, rotation de la tête, congruence mots-corps ), la communication de Pauline Marois a été de très haute tenue. Il faut passer, dépasser les enjeux idéologiques pour le dire ou le reconnaitre.

 

 

(1) Iaccino (1993) Left brain, right brain, différences inquiries, évidence and new aproaches, Hillsdale (N.J) . Lawrence Ernbaum, Associates 
(2) Feyereisen. P (1994): Le cerveau et la communication , Coll “ Psychologie d’aujourd’hui ”, P.U.F,  213 pages.
(3) Le ton, le timbre et l'intonation de la voix sont des composantes du langage non verbal. Seuls les mots sont ce qu'il est convenu d'appeler le verbal. Mehrabian A. (1972)  Nonverbal communication, Chicago, Aldine-Atherton , 1972.

Les codes de la séduction sur les affiches des chefs politiques

 
Les 6 principaux chefs québécois parmi lesquels se trouve le ou la future premier ministre…
 
Regardez ces photos. Ce sont les photos des chefs extraites des affiches électorales officielles. Elles ont été placées par ordre alphabétique. Elles ont été choisies parce que c'est sur ces photos que les chefs étaient le plus à leur avantage. Repérez-vous un point commun entre elles ?

L'axe de tête des candidats.

En fait il y en a un, l'axe de tête des candidats. Pour s'en rendre compte, il s'agit d'observer les oreilles de chaque candidat (!) et de se demander quelle est l'oreille la plus visible. 

Sur cinq des six images, l'oreille la plus visible est l'oreille gauche. Le profil gauche apparait donc comme étant le plus visible. Or le profil gauche est traditionnellement considéré comme le plus attrayant chez l'être humain.
 
Évidemment, les chefs au moment d'être photographiés ne pensent pas à mettre un hémi-visage en avant plutôt que l'autre. Tous ont même le sentiment de regarder l'objectif bien en face. Mais au moment de sélectionner les photographies, celles mettant en avant la partie gauche de leur visage même si les différences ont l'air très peu visibles, sont presque toujours considérées comme les meilleures par ceux qui les choisissent, et qui d’ailleurs ne connaissent pas cette règle. Notons qu'ici ce phénomène reste visible alors que les photographies ont été réduites en moyenne 20 fois.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que plus une personne se détend, plus elle rayonne et plus l'axe de son visage piloté par le tronc cérébral place en avant la partie gauche.
 
Ces candidats adultes ne font que poursuivre ce qui s'est mis en place dès la naissance car la mère regardant son bébé dès sa naissance, lui présente (sans en avoir jamais conscience) pourtant davantage son hémi-visage gauche que son hémi-visage droit et regarde davantage sa partie gauche de visage que sa partie droite !
Si le langage corporel est si important c'est parce que les êtres humains, s'adressent des messages subliminaux qui leur permettent de se reconnaître, de s'apprécier, sans avoir besoin de se le dire, sans même être toujours conscients qu'ils s'envoient ces messages avec tellement d'évidence .

Les chefs ne connaissent pas ces codes. En revanche ils savent très bien que les codes de communication font partie de l'équation du charisme et que c'est même en partie grâce à eux, qu'ils ont été un jour reconnus d'abord, puis désignés ensuite comme chefs.

Blogue en lien :
Le visage gauche est considéré comme le plus beau aussi bien par les hommes que par les femmes. 

 

 
 
 
 
 

Pourquoi le mot "élections" fait-il sourire Jean Charest ?

Trois photographies faites en moins d'une demi seconde
Au Québec en ce moment des manifestations rythment la vie quotidienne, certaines sont importantes, l'une d'entre elles a même été décrite par les observateurs comme la plus importante de la vie du Québec, réunissant plus de deux cent cinquante mille personnes à Montréal le 22 mai 2012.
La popularité des manifestations semble tenir à un double fait. Les étudiants refusent la hausse des droits de scolarité et ils le disent en manifestant, mais au delà de cet état de fait, une loi spéciale modifiant le droit de manifester a amené une partie de la population à se solidariser avec le mouvement étudiant.
 
Élection et sourire
 
Quatre jours de discussion entre les leaders étudiants et le gouvernement représenté par sa ministre de l'éducation se sont soldés le 31 mai par un échec des négociations.
Le premier ministre du Québec s'est exprimé dans les heures qui ont suivi cet échec sur les ondes de la télévision d'Etat Radio Canada répondant aux questions de la journaliste Céline Galipeau.
 
Il a expliqué notamment qu'il y aura, à un moment ou à un autre, des élections,  et les gens pourront se prononcer. Au moment où il employait le mot "élections", une expression curieuse traversa son visage durant 1/4 de seconde. Le premier ministre employait le mot "élection" et sa bouche gauche s'est mise à sourire. ( 3mns 44 aprés le début de l'entrevue). 
 
Sur le visage humain,  le sourcil droit et la bouche gauche sont les plus difficiles à contrôler consciemment, et ceci que nous soyons gauchers ou droitiers. Ici la bouche gauche sourit. C'est subreptice mais observable.
 
Il n'est pas dans la fonction du synergologue de commenter ce sourire masqué sur le mot "élections".  Mais on peut se demander pourquoi le mot "élections" fait sourire Jean Charest ?
Il n'est pas non plus dans la fonction du synergologue de sous entendre  que le pourrissement de la situation pourrait renforcer le leadership du premier ministre…
Souvenons-nous qu'en France par exemple le général de Gaulle est sorti très renforcé des manifestations étudiantes de Mai 68; le parti au pouvoir au Canada de la crise d'octobre 1970.
Non, un synergologue ne pourrait pas parier sur tant de cynisme. On lui objecterait qu'il ne connait rien à la politique. Alors il se contentera de sourire du sourire gauche du premier ministre québécois. A aucun autre moment dans cette entrevue, le premier ministre n'a souri.
 
Les paroles prononcées par le premier ministre :
"Il n'y  pas de raisons pour lesquelles il devrait y avoir une crise sociale d'abord… mais oui…il a des gens qui vont choisir de manifester ils ont le droit de le faire à la condition évidemment qu'ils respectent les autres pour que ça se fasse pacifiquement, maintenant il y aura des élections au Québec d'ici les 18 prochains mois…."
 

 

François Hollande : l’art de programmer la spontanéité.

 
 

Au cours du débat du 6 mai, François Hollande permit à la France qui ne le savait pas, de découvrir ce qu'était une anaphore, cette figure de style consistant à commencer une phrase par les mêmes mots.

Il scanda 16 fois, "Moi président de la république…"  présentant sous une forme originale sa conception de la fonction de président.
Certains ont trouvé ça très réussi, d'autres ont moins aimé, mais tous ont reconnu à cette occasion que le candidat était brillant.
Il convient de se demander si cette éloquence était spontanée…et elle ne pouvait pas l'être.
"Moi président de la république…" une allocution préparée
 

Une analyse attentive du langage corporel de François Hollande nous conduit à pouvoir affirmer que ce moment du débat ne pouvait pas être spontané. Il avait été préparé.

 

Ce, pour plusieurs raisons conjuguées

1. D'abord parce que François Hollande qui avait l'habitude de regarder systématiquement Nicolas Sarkozy dans les yeux avant d'attaquer chaque phrase (Image 1), s'est mis au moment ou il a commencé à dire : "Moi président…" à détourner son regard et ce durant les 16 moments d'anaphores (image 2).

En évitant son regard, il pouvait ainsi mieux se concentrer pour retrouver, réciter, ce qu'il avait préparé. D'ailleurs, aussitôt qu'il a cessé de dire "moi président de la république", il s'est remis à regarder Nicolas Sarkozy

2. Ensuite, parce que ses yeux partaient à gauche dans l'espace. C'est à cet endroit qu'ils se portent lorsqu'on cherche un évènement passé ou appris. Comme il parlait de son futur de président  nous aurions pu nous attendre à ce qu'il regarde à droite. Ce qu'il fit par ailleurs régulièrement en évoquant le futur, dans le débat.  Mais pas là.

3. Également parce que François Hollande clignait énormément des paupières dans ses débuts de phrase. Il mobilisait ses ressources cérébrales, pour rappeler l'information. 

 

 François Hollande est connu pour avoir une bonne mémoire et Nicolas Sarkozy a, ici, fait les frais de la qualité de mémoire du nouveau président de la république. 

Le  fait qu'un si long texte ait pu être appris et inséré, ailleurs qu'en introduction ou en conclusion d'un débat télévisé de grand prestige, constitue certainement une  première. 
Il n'est pas certain que cela se soit déjà vu dans aucun grand pays occidental. Preuve que même la spontanéité se prépare…