Archives mensuelles : juillet 2011

Nafissatou Diallo fait la une.

On ne savait pas à quoi s'attendre, maintenant nous savons un peu mieux… un peu…
A lire certains médias, l'observation de la communication de Nafissatou Diallo nous amènerait à penser que nous sommes en face d'une actrice effectuant un numéro et si c'est une actrice et si c'est un numéro, c'est donc que c'est une menteuse.
L'observation attentive de son langage corporel débarrassée des clichés du type "elle pleure sur commande", "le balancier des fessiers permet de mesurer le niveau de sensualité d'une femme"… "primitive"…(1) , il faut quand même poser quelques jalons.

Cette entrevue télévisée, la seule que Nafissatou Diallo donnera sur le fond avant le procès à un média télévisuel, a été préparée. Préparée ca veut dire que Nafissatou Diallo, victime ou menteuse, s'est entendue dire par ses conseillers : Il va falloir convaincre l'Amériqueil va falloir décrire, qu'on puisse comprendre... laver votre honneur

Elle a ensuite été mise en confiance par la journaliste qui l'a elle même préparée à cette logique de "performance", cette dernière peaufinant son scoop. Et le langage corporel de Nafissatou Diallo est devenu un langage que les synergologues qualifient de "spectaculaire", (plutôt que spéculatif ou spéculaire).
Sur cette base, aux dires de sa gestuelle seule, il devient très difficile de savoir si elle ment ou si elle dit la vérité et en tous les cas de trancher de manière définitive.

Pour un spécialiste du langage corporel, savoir si quelqu'un ment ou dit la vérité lorsqu'il y a un véritable enjeu n'est pas très difficile, mais à une condition, celle d'avoir toutes les données du problème.
Prenons deux exemples, l'instant privilégié pour connaitre la vérité est le moment précis ou la question est posée, car certains micromouvements (qui durent moins d'une seconde) sont observables sur la personne interrogée, avant même qu'elle puisse composer une attitude. Or ici , systématiquement (comme dans presque toutes les émissions mesdames et messieurs les réalisateurs), lorsque la journaliste pose la question, la caméra est centrée sur… la journaliste.

Un autre bon indice consiste à voir comment se comportent les mains lorsque la personne communique entre les questions, ici le bandeau ABC cachait systématiquement les mains.

Pour savoir si quelqu'un ment ou dit la vérité sur les bases d'indices du langage corporel, il faut que la personne qui est interrogée, le soit par une personne spécialiste du langage corporel car elle saura rebondir et questionner immédiatement à partir des non congruences corporelles ou si ce n'est pas le cas, que le synergologue dispose de la totalité de l'entrevue filmée.

Dans cette affaire d'agression sexuelle présumée, les synergologues auront l'occasion de se prononcer encore, et même de trancher de manière très nette si des évidences corporelles se font jour, mais si pour le moment nous faisions, tous, appel à davantage de tempérance, pensez-vous que ce serait vraiment préjudiciable à la connaissance de la réalité des faits… ?

(*) Voyez à partir de la vidéo dont une image a été extraite, ce que la tristesse provoque systématiquement en termes de dissymétries du visage, le visage gauche plus fermé (pour faire écho à d'autres messages de ce blogue) . Il est certain qu'une bonne actrice peut fabriquer ce type d'item, une bonne actrice …

 

C’est au repos que le cerveau travaille le plus !

Dès qu'il est question de langage corporel une question revient souvent : "Lorsque je suis tout seul, il m'arrive de faire des gestes, de me gratter, croiser les jambes… alors que je ne suis pas en communication. Y-a-t-il une raison à cela et est-ce interprétable ?"
Cette question étant généralement elle-même suivie d'une autre question : "Est-il possible que parfois je ne pense à rien ?!"

Il est drôle de voir à quel point les gens croient que dès que nous sommes seuls les règles d'observation cessent d'avoir cours, un peu comme si lorsque nous étions seuls nous cessions de penser. Évidemment c'est un peu plus compliqué. De façon paradoxale c'est même sans doute exactement le contraire qui se produit ! car le repos semble entraîner dans le cerveau une consommation d’énergie, de glucose et d’oxygène supérieure à celle que celle nécessaire à la réalisation d’une tâche précise !!!

Dans une expérience ou un individu placé dans un IRM doit réaliser des tâches précises, entre deux temps de travail, au repos, son cerveau consomme davantage de glucose et d'oxygène que lorsqu'il oeuvre à l'accomplissement de ces tâches.(1)

Nous ne sommes jamais seuls car même lorsque nous ne sommes pas en communication, nous sommes traversés par des images que nous nous remémorons et que nous classons, réorganisons… en fait le corps d'une personne seule ne s'exprime pas moins que celui d'une personne en train de communiquer et il se décode exactement avec les mêmes règles. Car nous ne sommes pas moins joyeux, tristes, stressés ou détendus lorsque nous sommes en relation que lorsque nous sommes seuls et les critères de décodage de ces états sont toujours les mêmes.

(1) . Raichle, "Un cerveau jamais au repos", in Pour la Science, n°393, pp. 42-47, 2010.