Des messages à la mode, formes de paradigmes populaires, traversent toutes les sociétés. Parmi ces messages, dans les sociétés aussi bien occidentales qu'asiatiques, il y en a un que vous avez forcément entendu : "Si tu n'es pas de bonne humeur, force-toi à sourire et tu verras, tu vas finir par avoir réellement envie de sourire !" Ce message social de bonne humeur a été testé scientifiquement et il fonctionne bien. Sourire donne envie de sourire.
Maintenant prenons le message autrement et évaluons le sourire à la lueur des émotions primaires. Lorsque nous passons en revue les émotions primaires présentes dès les premiers mois de la vie, à savoir la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise, le dégout, nous nous rendons compte que cinq sur six de ces émotions (en fait 4 1/2 , car la surprise peut aussi être bonne !) sont des émotions négatives. Si les émotions sont nécessaires à la survie, pourquoi donc tant d'émotions noires ?!
En fait diverses recherches tendent à démontrer que les personnes d'humeur négative ont souvent de meilleures capacités de mémorisation. Elles sont en outre moins facilement influençables. Leur esprit critique éveillé les rend de fait plus lucides. (1)
Il est noté également que les personnes les plus maussades sont plus critiques vis-à-vis à vis d'elles-mêmes et que ce trait de caractère les amène à prendre davantage leurs responsabilités. (2)
Le message synergologique n'a jamais été comportementaliste. Les enseignants de la discipline ont toujours refusé le sempiternel : Ouvrez votre corps pour montrer à l'autre que vous êtes ouvert… ! ou encore : Souriez vous aurez l'air heureux… ! ou bien : Bombez le torse vous aurez l'air plus sûr de vous !… ; et comme pour faire écho au refus du comportementalisme, ce que sous-entendent ces nouvelles études, c'est qu'avoir l'air de bonne humeur à tout prix, n'est sans doute rien de moins que de se mettre dans une posture…. souriante mais peu lucide manquant d'esprit critique, bref une posture… d'imbécile heureux…. !!!
Car lorsque nous sommes de mauvaise humeur c'est quand même parce qu'il y a une raison à ça. Une raison que nous nous masquons à nous-mêmes en prenant la posture désinvolte de la personne heureuse. Gênant vous ne trouvez pas…
Mais aussi plein d'espoir pour celui, celle, qui chercheront à se rapprocher d'eux-mêmes, en essayant de mieux comprendre, plutôt que de fuir pour essayer de devenir, à tout prix , quelqu'un d'autre…
(1) J. Forgas et al., Can bad weather improve your memory. An unobtrusive field study of natural mood effects on real-life memory, in Journal of Experimental Social Psychology, vol. 45, pp. 254-7, 2009. J. Forgas et al., Mood effects on eyewitness memory. Effective influences on susceptibility to misinformation, in Journal of Experimental Social Psychology, vol. 41(6), pp. 574-88, 2005. Paul W. andrews and J. anderson thomson, Jr., The Bright Side of Being Blue: Depression as an Adaptation for Analyzing Complex Problems. in Psychological Review, Vol. 116, no. 3, pages 620– 654; July 2009.
(2) Paul W. Andrews and J. Anderson Thomson, Jr. Depression’s, Evolutionary Roots, Perhaps depression is not a malfunction but a mental adaptation that brings certain cognitive advantages, Scientific American mind, Jan-feb 2010, pp-56-61.