Archives mensuelles : octobre 2010

Ressentir pour comprendre.

 
Le message blogue sur le botox a éveillé de nombreuses réactions d'adhésion ou de scepticisme, et dans tous les cas d'intérêt.
En fait, il semble difficile à imaginer que notre cerveau puisse stimuler des zones corporelles lorsque nous réfléchissons et que le feed back que nous renvoient ces zones corporelles nous permet de ressentir les choses, et donc de les comprendre. Et pourtant…
 
Dans le prolongement du message précédent, une neuropsychologue de l'université de St-Louis, Nicole Speer (1) a fait lire des passages tirés de récits d'aventures à des personnes volontaires et elle s'est aperçue que ces gens faisaient travailler la zone cérébrale en charge de celle du corps, par exemple, se mouvoir le bras si le héros se saisissait d'une arme… L'identification au héros n'était pas que purement intellectuelle , elle était aussi corporelle.
En réalité ce type de recherche aide à admettre que nos réflexions conscientes ne sont jamais purement intellectuelles, elles sont également physiques. Nous devons ressentir ce dont nous parlons pour le comprendre. C'est la raison pour laquelle, par exemple chez les mathématiciens, une zone cérébrale impliquée dans la production des émotions s'active lorsqu'on leur montre des chiffres ! ou que nous avons besoin d'activer les muscles zygomatiques pour comprendre le rire de l'autre…
 
Et la synergologie dans tout ca… car ces découvertes sont faites en apparence assez loin de l'univers de la synergologie. Peut-être pas tant que ça. Dans l'optique d'une vaste constuction d'une science de l'Etre humain, au lieu de montrer l'interaction entre une zone cérébrale et une zone corporelle, il est possible également de retourner le gant pour montrer que la zone corporelle observée est l'interface visible du cerveau !
 
Pour un synergologue une émotion qui ne se voit pas n'existe pas, et si l'émotion se voit, c'est toujours pour parler de la nature de nos pensées !
 
(1) Speer N et al. "Reading stories activates neural representations of visual and motor experiences", in Psychological Science, vol 2, p.989, 2009.

Intelligence, botox et émotions


Bouger les muscles du visage, même subrepticement, lorsque nous réfléchissons permet de mieux comprendre ce à quoi nous pensons !
Sans le savoir, les personnes qui se font injecter du botox permettent aux chercheurs d'établir la réfutabilité de cette théorie, c'est à dire de tester sa véracité en prenant son contrepied.

 

La toxine botulique est produite par une bactérie appelée Clostridium botulinum. Cette bactérie paralyse les muscles du visage dans lesquels elle est injectée. Le muscle devient alors atone et les rides qui pouvaient apparaître disparaissent le temps que dure la paralysie. Des chercheurs de l’Université du Wisconsin (*) ont injecté cette toxine au centre du front, à un groupe de jeunes femmes. Ils leur ont ensuite proposé de lire des textes simples qui suscitaient des émotions négatives, pour lesquelles le muscle corrugateur du front est actionné lorsque la tristesse la peur ou la colère sont ressenties. Ces chercheurs ont noté qu'elles mettaient davantage de temps à comprendre le sens des phrases lues et qu'elles perdaient entre 5 et 10 % du sens du texte.
Nous savons ainsi que si les rides apparaissent c'est parce que nous réfléchissons ! Dans ces moments nous cherchons inconsciemment à ressentir ce que nous évoquons pour le comprendre. En absence de ressenti, ce que nous entendons, lisons, pensons, et que notre cerveau enregistre n'a pas de sens. Nous ne le comprenons pas réellement.

Le corps est donc beaucoup plus impliqué que ce que nous croyions jusque là dans tout effort de réflexion. En synergologie les sceptiques disent parfois en évoquant les microdémangeaisons (traductions de désaccords émotionnels ) : "je me gratte même lorsque je suis tout seul !" Or nous ne sommes jamais tout seuls. Dès que nous réfléchissons, même seuls, nous sommes obligés d'émuler un monde intérieur fait de dialogues imaginaires et notre corps nous aide à ressentir ce que nous pensons pour donner du sens à ces dialogues. Même seuls nous sommes émus et nos traits se déplacent.

Est-il nécessaire d'ajouter que le moment privilégié ou les rides disparaissent est le moment du linceul, le visage totalement détendu par la mort… Un visage où les rides sont visibles et bougent est un visage traversé d'émotions, un visage traversé par la vie…

(*) D. Havas et al., in Psychol. Sc., vol. 21, p. 895, 201