Archives mensuelles : février 2009

"Non verbal" ,"QI ", et reconnaissance sociale

« Non verbal » ou « non-verbal », vous pouvez d’ailleurs choisir votre orthographe à loisir. Parler de « non verbhal » par exemple, car que vous choisissiez n’importe laquelle de ses expressions, aucune d’entre elles n’est dans aucun dictionnaire académique francophone. Ce ne sont pourtant pas les mots composés de ce type qui manquent « non fumeur », « non voyant », « non dit »… en fait plus de 40 expressions accolent deux mots à partir de non… mais pas non verbal. Le « non verbal » dans la communication c’est pourtant énorme, incontournable. C’est simple c’est tout ce que ne sont pas les mots.
En revanche , le mot QI lui est dans le dictionnaire. L’abréviation de quotient intellectuel est dans le dictionnaire. le non verbal qui peut être parfaitement décrit et appréhendé concrètement ne trouve aucune reconnaissance académique alors qu’une réalité abréviée et aussi subjective que le QI se vautre sans retenue dans le Larousse et le Robert. Ah mais oui c’est vrai j’oubliais, c’est intellectuel le quotient c’est normal que ce soit dans le dictionnaire. Alors que le non verbal chez l’être humain c’est la trace de l’émotion sur le visage et le corps, et l’émotion…
Si le non verbal (qui en passant pour les spécialistes du langage corporel se décompose en péri-verbal, para-verbal, infra-verbal, supra-verbal et pré-verbal, autant de mots qui n’existent, pas même si les réalités qu’ils désignent existent, elles !) n’est pas encore reconnu, des chercheurs très sérieux montrent que les émotions sont indispensables à l’intelligence, et dans cette optique l’intronisation du non verbal dans le palais de la reconnaissance sociale n’est peut-être pas si loin…

Nicolas Sarkozy et Barack Obama

Deux chefs d’état qui n’ont, reconnaissons_le, pas grand chose en commun et qu’on affuble pourtant souvent dans l’opinion d’une qualité commune : la spontanéité.
Etonamment la spontanéité du premier, Barack Obama ravit, alors que celle du second Nicolas Sarkozy aurait plutôt tendance à déranger. Si le commentaire en restait là, il pourrait facilement passer pour un jugement de valeur, et on pourrait ajouter qu’après tout, tous les goûts sont dans la nature !
Mais l’on observe maintenant leur attitude corporelle , l’axe de la tête la tête de Nicolas Sarkozy parlant à son interlocuteur part toujours plus souvent en direction de son interlocuteur que l’axe de tête de Barrack Obama. L’axe de la tête du président des Etats Unis reste elle toujours extérieur à l’échange….

Nicolas Sarkozy est effectivement spontané mais cette spontanéité est sans recul face à l’événement alors que le contrôle d’Obama lui permet d’avoir un temps de recul sur l’événement et son intelligence lui permet donc d’anticiper. Difficile de savoir s’il est possible de qualifier cette attitude de spontanée, mais c’est une attitude rassurante.

Les seuls moments ou observé en public, Obama montre cette forme de spontanéité d’abandon, l’axe de sa tête penchant du côté de ses intelrocuteurs est lorsqu’il communique avec sa femme et ses enfants.

Ces sont les axes de tête de ces deux hommes comparés à d’autres et découpés selon la logique des axes de tête (M_1_R_ALD pour les spécialistes) qui permettent de tirer ces conclusions.

La direction particulière du regard d’Obama

La force d’Obama, son charisme, résident pour part dans sa capacité à s’organiser et surtout ne jamais être pris au dépourvu. Sa façon particulière de regarder son interlocuteur permet de le comprendre.

Ses yeux ne vont jamais dans le même axe que la tête en situation de performance. L’axe de son visage part toujours en direction inverse de l’endroit où il regarde. Ce qui lui permet d’être en situation systématique de prise de recul et d’analyse.

Ici par exemple, dans ses deux exemples, sa tête penche à sa droite alors qu’il regarde à gauche. En maitrise de la situation il peut être totalement spontané. Il a le même type de spontanéité que les spécialistes d’arts martiaux qui ont spontanément un temps d’avance sur leurs partenaires-adversaires lors de combats, précisément parce qu’ils sont perpétuellement en situation d’analyse.

Voyez la différence entre l’axe de tête de Barack Obama et celui d’Hillary Clinton. L’axe de tête d’Hillary Clinton part en direction de ses interlocuteurs, alors que l’axe de tête d’Obama se place lui naturellement en situation de prise de recul.

(Images CNN du premier débat Obama-Clinton)

Lancement du langage universel du corps.

Je lance aujourd’hui Le langage universel du corps aux Editions de l’Homme.

L’aboutissement de vingt ans de travail. En fait toutes les hypothèses qui ont permis de constituer le lexique corporel de la synergologie en lien avec le fonctionnement de l’esprit humain à partir de son langage corporel sont dans cet ouvrage. C’est plutôt un moment agréable.

Ce livre est lancé aujourd’hui à Montréal et le sera à l’automne en Europe.

Légion d’honneur, et non-dits synergologiques…


Lorsque nous ne disons pas exactement ce que nous pensons, cette situation nous met mal à l’aise et une des stratégies mises en œuvre par le corps pour se débarrasser de ces malaises est de se gratter. Durant l’action consistant à se gratter les zones émotionnelles du cerveau cessent en effet de travailler (Yosipovitch, 2007) Tout mon travail consiste à montrer que l’endroit de la démangeaison appelée microdémangeaison n’est pas choisi au hasard sur le corps. Ainsi par exemple, lorsque l’image de l’autre me dérange je vais aller me gratter l’aile droite du nez (Turchet , 2009). Ces horizons de sens déterminés à force d’analyser des images vidéos , de les décortiquer en lien avec le discours de la neurobiologie, deviennent vraiment intéressants lorsque la situation théorique retrouve la réalité.
Au début du mois de février Jean Charest le premier ministre québécois devait recevoir du président français la légion d’honneur. Nicolas Sarkozy renouant avec une habitude qui lui est paraît-il familière est sorti de son texte pour expliquer devant les caméras qu’il « n’était pas pour le sectarisme… », entendez qu’il n’était pas en faveur du discours indépendantiste québecois jugé pour la circonstance comme sectaire. Le premier ministre québecois, poli, a acquiescé sans rien dire. Or, lorsque l’image de l’autre nous pose un problème, l’aile droite du nez « pique ». Ce que montre bien le geste effectué à ce moment là. Le discours de N. Sarkozy prenait la forme d’un dérapage, il égratignait l’image de l’autre, soit l’image de Jean Charest, soit l’image du Québec par rapport à la France. Nicolas Sarkozy était conscient de la situation, ce dérapage était contrôlé, car le pouce n’intervient dans ce type de situation que lorsque la personne est fière, contente de ce qu’elle est en train de faire…

La série américaine : " Lie to me"

Plusieurs courriels me sont parvenus de personnes me demandant ce que je pensais de la nouvelle série américaine « Lie to me ». Le personnage principal est un enquêteur qui parvient à démasquer les coupables à partir des indices de leur langage corporel. La série est intéressante. Les mimiques signifiantes des coupables potentiels sont comparées à des images de personnages de la « vraie vie » et la démonstration est ma foi, assez crédible. Mais l’intérêt est ailleurs. La série fait la démonstration dans les tous premiers épisodes, images tirées de situations réelles à l’appui, que des personnes de différentes cultures prenant toutes exactement les mêmes postures, ressentent toutes les mêmes émotions. La série fait ainsi la démonstration, sans le rechercher, et sans effets de manche, que le langage non verbal est universel. Cet aspect documentaire là fait à lui seul, davantage pour la tolérance et la compréhension réciproque des êtres humains, que bien des sommes d’ouvrages théoriques.

Pourquoi ce blogue ?

Ce blogue naît à l’occasion de la sortie de mon ouvrage : Le langage universel du corps.
Théoricien, auteur de livres de communication, je tâche de montrer combien le langage corporel est un objet de travail sérieux et « scientifique ». Or le refuge systématique derrière la façade de l’objectivité n'est pas elle, étonnamment, une attitude sérieuse, parce qu’un discours sur la communication prend de fait position sur la communication ! « Observer c’est perturber » disait Darwin, refuser de le comprendre c’est perdre le sens de la perspective de son travail, perdre le sens de son travail.
Prenons plutôt un exemple : La synergologie postule que les émotions s’expriment sur le corps et que grâce à elles nous sommes touchés les uns par les autres. Sur ces critères stricts le meilleur communicant qu’ait connu le XX ème siècle est sans aucun doute Adolph Hitler ( !) Mais si faire de la synergologie c’est construire ce type de discours, eh bien la synergologie est un échec.
Heureusement la synergologie ce n’est pas ça , ça devrait même être l'antidote à ça. Un synergologue dispose d’une méthodologie qui lui permet de mettre en perspective ce qu’il décrit. Il est là pour aider ses contemporains à regarder.
La synergologie fait la démonstration que l’émotion est la forme articulée que prend la pensée sur le corps. Elle cherche donc à montrer quels sont les états de pensée mis en œuvre par les états du corps. Ce faisant elle s’oppose à la voie des faiseurs d’images, ces bricoleurs de personnalité qui cherchent à nous faire croire que le charisme se construit.

L’intérêt de ce blogue sera de réfléchir à voix haute afin de faire la différence ensemble entre les constructions artificielles et les ressorts réels des échanges, chercher la réalité derrière les artifices de ses représentations